Vous avez sûrement déjà entendu parler de « test de QI », de « test psychométrique »… mais au fond, un bilan psychologique, c’est quoi ? A quoi sert-il ? Qui peut le réaliser ? Comment il se déroule ? Quelles sont les règles à respecter ? Explications d’une psychologue.
Le bilan psychologique: à quoi ça sert ?
Le bilan rend compte du fonctionnement d’un individu sur le plan cognitif, affectif et émotionnel. Pour cela, le psychologue utilise des « tests », c’est-à-dire des outils rigoureusement développés et standardisés. Ces derniers sont adaptés à votre âge et votre problématique. Une évaluation psychologique constitue avant tout un outil de compréhension face à une ou plusieurs problématiques rencontrées. Ces difficultés peuvent être d’ordre :
- cognitif (difficultés d’apprentissage, langage, attention…) ;
- moteur (coordination, agitation, lenteur, maladresse…) ;
- affectif (anxiété, dépression, manque de confiance en soi…) ;
- social et/ou familial (relations aux autres, rapport à l’autorité, gestion des émotions…).
Elles peuvent parfois s’accentuer ou survenir suite à un événement personnel particulier (naissance, décès, déménagement, licenciement…).
Par ailleurs, le bilan n’aura d’intérêt et de sens que s’il permet de représenter l’individu dans sa globalité. Réaliser des épreuves intellectuelles sans prendre compte du parcours de vie, du contexte familial et de la dimension psycho-affective réduira la compréhension des difficultés.
Le bilan psychologique: comment ça marche?
Le bilan se déroule en plusieurs sessions. La durée et le nombre de séances sont à déterminer selon l’âge du patient, sa fatigabilité, le type de difficulté…
Durant le premier entretien clinique, vous êtes invité.e à exposer ses difficultés ou questionnements. Le psychologue réalise une anamnèse, c’est-à-dire qu’il recueille les informations essentielles sur votre parcours de vie. Après quelques séances d’évaluation, une fois l’examen complet réalisé, le psychologue réalise une séance de restitution, où il vous remettra (ou aux parents du patient mineur) un compte-rendu confidentiel et détaillé.
Pour évaluer le fonctionnement cognitif, le psychologue utilise un « test de Q.I. (quotient intellectuel) », c’est-à-dire une échelle scientifique explorant les différents processus impliqués dans l’intelligence. Les batteries les plus utilisées à l’international sont :
- la WAIS (pour les adultes)
- le WISC (pour les enfants et adolescents)
- la WPPSI (pour les jeunes enfants)
En fonction de votre problématique, certaines épreuves supplémentaires peuvent affiner l’analyse : la NEPSY, le KABC, la BEM 144, la figure de Rey, les Matrices de Raven, le TEA-CH…
Pour évaluer le fonctionnement psycho-affectif, on peut utiliser :
- des épreuves « projectives » : le Patte Noire, l’épreuve de Rorschach, le C.A.T., le T.A.T., le dessin…
- des échelles psychométriques de personnalité, souvent sous forme de questionnaires (Beck, Caroll, EID, Hamilton…)
3 choses à savoir sur le bilan psychologique
Le bilan est un constat temporaire: il fait une photo à l’instant T de vos compétences, de vos besoins et de votre état psychique. Son objectif n’est pas de vous « figer » dans vos difficultés, ni dans votre manière d’être au monde. Chaque être humain étant en constante évolution, la validité d’un bilan est donc limitée dans le temps (2 ans). En fonction de l’évolution de votre situation, un réexamen clinique peut s’avérer nécessaire.
- Le bilan est obligatoire pour parler d’H.P.I. : depuis ces 15 dernières années, le nombre de consultations visant à détecter un haut potentiel intellectuel (HPI) ne cesse de croître. Or, ce diagnostic ne concerne en réalité que 2% de la population et ne peut être posé qu’après la passation d’épreuves cognitives standardisées. Seul un professionnel dont le titre est réglementé par la Loi pourra réaliser ce bilan (psychologue ou neuropsychologue).
- Le bilan n’est pas automatique : un psychologue n’est pas une « machine à tests »! Son travail ne se réduit pas à de simples outils ou techniques : il nécessite une constante mise en perspective théorique et éthique. Soumis à un Code de déontologie, le psychologue se doit de garder une réflexion critique sur ses choix d’intervention et déterminer si, oui ou non, la réalisation d’un bilan lui semble pertinente.
En conclusion
« Une demande de bilan n’est jamais grave, mais toujours sérieuse ! »
Le bilan n’est pas une banale récolte de données chiffrées, ni un simple étiquetage à poser sur votre manière d’être, de réfléchir ou de ressentir. En ce sens, demander un « test » n’a rien d’anodin et ne doit pas être banalisé. Un bilan psychologique est avant tout une rencontre humaine, de patient à psychologue, avec une démarche d’analyse et de réflexion sur votre fonctionnement.
Le bilan a pour objectif d’apporter un éclairage sur votre situation et de vous orienter vers un accompagnement adapté à vos besoins. Selon les résultats obtenus et éléments cliniques observés, différentes pistes pourront vous être proposées : guidance parentale, rééducation paramédicale, suivi thérapeutique, orientation scolaire/professionnelle… En tant que patient, il vous appartiendra ensuite de cheminer et vous saisir de ces propositions pour poursuivre une vie sereine.