La dyscalculie

Concernant 5 à 6 % des enfants (soit 1 élève par classe), la dyscalculie entraîne des difficultés en mathématiques qui surviennent tôt dans l’enfance et qui perdurent à l’âge adulte. Comment la repérer, la diagnostiquer et la prendre en charge ?

C'est quoi, la dyscalculie ?

C’est un dysfonctionnement cognitif qui touche le comptage, le calcul, voire l’ensemble des apprentissages numériques. Elle fait partie de la famille des troubles des apprentissages (cf article).

La personne qui en souffre ne comprend pas le fonctionnement du système numérique : elle ne parvient pas à maîtriser les mécanismes à la base des opérations arithmétiques.

Les 4 types de dyscalculie

      • dyscalculie du traitement numérique (nombre et système numérique)
      • dyscalculie mémorielle (mémorisation des données mathématiques)
      • dyscalculie procédurale (compréhension et réalisation du calcul)
      • dyscalculie visuo-spatiale (reconnaissance visuelle, repérage dans l’espace)

Causes de la dyscalculie

Ce trouble n’est pas du à un retard mental, un déficit sensoriel ou un trouble psychiatrique. Cependant, plusieurs études ont mis en évidence qu’un ensemble de facteurs génétiques et environnementaux (notamment durant la grossesse et l’accouchement) pourrait causer des anomalies neurologiques facilitant le développement d’une dyscalculie.

Le cerveau d’une personne dyscalculique se développerait différemment au niveau de l’aire cérébrale dédiée aux activités mathématiques : la zone pariétale (située en haut et à l’arrière du crâne). Par ailleurs, la dyslexie aurait une dimension héréditaire : si l’un des parents en souffre, l’enfant a 40% de risque d’en souffrir également.

Symptômes de la dyscalculie

Attention ! Au début des apprentissages numériques, tous les enfants commettent des erreurs qui ressemblent à celles observées chez les dyscalculiques. Cette étape est normale dans la majorité des cas. Il ne faut s’inquiéter que si les erreurs sont sévères, nombreuses et persistantes dans le temps, malgré les aides apportées. Le trouble va se reconnaître par :

      • un sens du nombre déficient
      • une mauvaise connaissance de la chaîne numérique
      • une difficulté à changer de code (dessin, écrit, verbal)
      • comptage et dénombrement laborieux
      • mauvaise maîtrise des premiers concepts
      • difficultés pour la conversion d’unités (gr, cm, litre…)
      • lenteur du raisonnement logique
      • difficultés à se repérer dans l’espace et le temps

La dyscalculie a des répercussions dans d’autres domaines de la vie quotidienne, notamment la gestion de l’argent, le repérage spatio-temporel, la cuisine et certains loisirs.

Diagnostic de la dyscalculie

Généralement, ce trouble cognitif est diagnostiqué à partir de 7-8 ans. Cependant, il n’est pas utile d’attendre ce délai pour consulter si votre enfant montre des signes précurseurs.

L’orthophoniste est le professionnel de référence pour poser ce diagnostic. Celui-ci réalisera un bilan, dans lequel seront évaluées les compétences logiques et mathématiques. D’autres professionnels peuvent être consultés pour affiner le diagnostic : ophtalmologiste, ORL, psychomotricien, psychologue/neuropsychologue…

« Un diagnostic n’est jamais une fin en soi : c’est le début d’un nouveau parcours. »

Le diagnostic reste une étape essentielle pour le patient. Il permet d’envisager les meilleures adaptations à mettre en place. Même si l’annonce d’un diagnostic peut être angoissante et choquante, elle permet avant tout de soulager celui qui souffre. L’enfant diagnostiqué dyscalculique comprend l’origine de ses difficultés et se voit confirmé qu’il n’est pas fainéant, ni de mauvaise volonté. Grâce au diagnostic, il réalise qu’il est tout aussi intelligent que ses camarades.

Prise en charge de la dyscalculie

Plus la dyscalculie est prise en charge de manière précoce, plus ses répercussions seront moindres dans la vie du patient. La rééducation s’étale généralement sur plusieurs années.

L’orthophonie est le seul traitement officiellement reconnu et remboursé par la Sécurité Sociale. Toutefois, selon les difficultés relevées, des prises en charge supplémentaires peuvent être recommandées : remédiation cognitive, psychomotricité, ergothérapie, orthoptie…. Sur le plan scolaire, des aménagements pédagogiques peuvent également être mis en place (validés par un P.A.P.).

Par ailleurs, une souffrance importante peut se cacher derrière la dyscalculie. Certains signes doivent attirer l’attention des parents : échec, décrochage, phobie scolaire, isolement, anxiété, dépression, difficultés relationnelles… Un suivi psychologique (individuel ou groupe de parole) peut s’avérer bénéfique pour développer l’estime de soi, améliorer le rapport aux autres et à l’école.

Pour résumer, la rééducation est spécifique au patient et à ses difficultés. Elle demande une implication de la part du patient et de tous les partenaires autour de lui.