Bien qu’ils concernent aujourd’hui 2 à 3 élèves par classe, les troubles des apprentissages ne sont pas toujours compris, ni pris au sérieux. Par quoi sont-ils causés ? Comment les repérer, les diagnostiquer et les prendre en charge ? Cet article vous explique tout.
C'est quoi un trouble "dys" ?
Les troubles « dys », appelés aussi « troubles des apprentissages », sont des troubles cognitifs durables. Ils peuvent affecter :
- le développement du langage oral et/ou écrit (dyslexie, dysorthographie, dysphasie)
- le développement de l’écriture (dysgraphie)
- le raisonnement mathématique (dyscalculie)
- les fonctions motrices (dyspraxie, dysgraphie)
Les troubles « dys » sont généralement repérés durant l’enfance, notamment lors de la période des premiers apprentissages scolaires. Ils entraînent des difficultés qui compliquent la vie de l’enfant et qui perdurent bien souvent à l’âge adulte. Par ailleurs, il n’est pas rare de présenter plusieurs troubles à la fois.
Causes
Les troubles « dys » sont d’ordre neurologique et génétique, souvent héréditaires. Ils ne sont pas provoqués par un retard mental, un déficit sensoriel, un trouble psychiatrique ou un manque de stimulation de l’environnement. Toutefois, ces facteurs peuvent être présents, coexister et aggraver les difficultés.
Diagnostic
Un diagnostic pluridisciplinaire et une prise en charge sont indispensables pour donner un sens aux difficultés rencontrées, atténuer la gravité des symptômes, préserver la confiance en soi et favoriser l’épanouissement.
Celui-ci peut s’effectuer aussi bien dans l’enfance qu’à l’âge adulte. Toutefois, l’Ecole joue généralement un rôle important dans le repérage de ces difficultés. Un premier état des lieux peut être établi avec la famille par les professionnels de l’Education Nationale : enseignant, enseignant spécialisé du RASED, psychologue, médecin scolaire…
Si les difficultés de l’enfant persistent malgré la mise en place d’aménagements pédagogiques, seule la réalisation d’un bilan pluridisciplinaire permettra d’écarter ou confirmer toute suspicion de trouble « dys ». En fonction des symptômes observés, l’avis de différents professionnels sera sollicité :
- orthophoniste
- psychomotricien
- psychologue ou neuropsychologue
- ergothérapeute
- ophtalmologiste
- orthoptiste
Ce bilan est prescrit par le médecin traitant, qui en cordonnera la synthèse. Il est possible de réaliser ces bilans par le biais de professionnels exerçant en libéral, en milieu hospitalier ou dans un Centre de Référence des Troubles du Langage et des Apprentissages (CRTLA). Ces derniers sont présents dans chaque région et rattachés à des centres hospitaliers universitaires (CHU).
La démarche est similaire pour l’adulte qui souhaite être diagnostiqué : il devra se référer dans un premier temps à son médecin traitant (ou médecin du travail), qui le ré-orientera vers les professionnels spécifiques.
La prise en charge
Elle va aider le patient à mettre en place des stratégies pour contourner et compenser ses difficultés. Après la pose du diagnostic, le médecin de l’enfant, en coordination avec le médecin scolaire, prescrit des soins de rééducation. Plus les soins sont précoces, plus ils atténuent efficacement la sévérité des troubles.
Selon l’âge, le trouble dys concerné et la sévérité des symptômes, la prise en charge peut s’effectuer en libéral, à l’hôpital ou via une structure de soin :
- C.R.T.L.A. (Centre de Référence des Troubles du Langage)
- Centre Médico-Psycho-Pédagogique (CMPP)
- Centre Médico-Psychologique (pour les adultes)
- Centre de Réadaptation Fonctionnelle (C.P.R)
- S.E.S.S.A.D. (si l’enfant a une notification MDPH)
La prise en charge doit être régulièrement réévaluée et adaptée en fonction des progrès constatés et des besoins du patient.
Au niveau scolaire, des aménagements pédagogiques personnalisés peuvent être mis en place par l’équipe enseignante. Ces derniers seront formalisés par la rédaction d’un P.A.P. (Plan d’Accompagnement Personnalisé). L’alliance famille-école-professionnels reste primordiale pour permettre à l’enfant de s’épanouir à l’école et construire un projet professionnel.
Le dossier M.D.P.H.
Lorsque les difficultés sont trop importantes et résistantes aux aménagements pédagogiques et aux rééducations, il est possible de demander une reconnaissance du trouble dys auprès de la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées). Pour cela, la famille devra présenter un dossier à une commission pluridisciplinaire, qui pourra notifier ou non des aides supplémentaires spécifiques (cf article).
Pour les adultes porteurs d’un ou plusieurs troubles « dys », il est possible d’obtenir auprès de la MDPH une reconnaissance de qualité de travailleur handicapé (RQTH). Cette notification permet de bénéficier d’aides spécifiques sur le plan professionnel : orientation, obligation d’emploi, accès à la fonction publique par concours…
Toutefois, ces démarches administratives n’ont rien d’anodin : elles inscrivent l’individu dans le champ du handicap. La pertinence d’un dossier M.D.P.H. doit être impérativement questionnée avec le patient, sa famille et les différents professionnels qui l’accompagnent.